La Laiterie de la Reine retrouve son mobilier d’origine !
Le retour du mobilier de Marie-Antoinette à Rambouillet
10 juin 2025
PRÉSENTATION
Après la restauration de l’appartement de l’Empereur, l’ouverture au public et le remeublement de plusieurs chambres d’invités et de la salle des marbres avec les commandes passées sous la présidence de Vincent Auriol et la création d’un espace de médiation à la Laiterie de la Reine, le Centre des monuments nationaux s’attache à la mise en valeur globale du château de Rambouillet, de ses fabriques et de son parc. Le retour dans son écrin d’origine du mobilier livré par Georges Jacob à la Laiterie en 1787 à la demande de Louis XVI, grâce à un généreux dépôt de l'Établissement public du Château, du Musée et du domaine national de Versailles, constitue une nouvelle étape importante. Les visiteurs peuvent visiter la laiterie ainsi remeublée depuis le 10 juin 2025.
La Laiterie de la Reine
La Laiterie de la Reine, construite à la demande de Louis XVI pour Marie-Antoinette à Rambouillet, appartient aux petites constructions ornant les parcs des grandes demeures, en vogue au XVIIIe siècle, mais dont très peu d’exemples ont été conservés, à l’instar de la laiterie du hameau de la Reine à Versailles. L’envie d’un retour à la nature et la découverte des bienfaits des produits laitiers avait en effet conduit la noblesse à ériger ces temples du lait. La laiterie de Rambouillet, réalisée par l’architecte Jacques-Jean Thévenin, entre 1786 et 1787, sous la direction d’Hubert Robert, s’inscrit dans la politique de renouvellement esthétique menée par le comte d’Angiviller.
Prenant la forme d’un temple antique, la laiterie est composée de deux salles : la rotonde d’entrée surmontée d’une coupole à caissons et la salle de fraîcheur au fond de laquelle prend place au sein d’une grotte artificielle une sculpture de la chèvre ayant nourri Jupiter. Leur sobriété est soulignée par un exceptionnel décor sculpté dû à Pierre Julien évoquant les travaux de la métairie et les vertus du lait. Hubert Robert et Jean-Jacques Lagrenée ont dessiné pour la laiterie un service de porcelaine réalisé par la manufacture de Sèvres dont les dessins et motifs sont inspirés des pièces mises au jour à Herculanum et Pompéi ; le fameux bol-sein est inspiré d’une coupe à boire antique en forme de sein, le mastos. Hubert Robert a également dessiné son mobilier en acajou de style antiquisant réalisé par Georges Jacob, menuisier préféré de Marie-Antoinette.
Le mobilier étrusque de Marie-Antoinette
Cet ensemble de 10 chaises, 4 fauteuils, 6 tabourets, 1 grande table et 4 guéridons témoigne du goût étrusque apparu à la toute fin du XVIIIe siècle : dossiers en crosse, pieds postérieurs en sabre, piètement en croix inspirés des sièges curules antiques, croisillons ajourés rappelant des sanglages en cuir. Les frises de palmettes et de myrtes appartiennent également au répertoire antique. La garniture textile est absente, à l’image du mobilier archéologique.
La présence de têtes de béliers sur les pieds des fauteuils et des tabourets rappelle également la fonction du lieu, un temple dédié à la délectation des produits laitiers. Ce mobilier, unique par son luxe et son raffinement, appartient à un décor complet, résonnant avec les sculptures pastorales de Pierre Julien et le service en porcelaine de Sèvres commandé à Jean-Jacques Lagrenée.
Si des pièces de ce mobilier avaient retrouvé leur place à la laiterie pour la première fois depuis 1793 lorsqu’elles avaient été prêtées par le château de Versailles en 2021 à l’occasion de l’exposition Vivre à l’antique, de Marie Antoinette à Napoléon Ier, c’est aujourd’hui l’ensemble des sièges, à l’exception d’un tabouret, soit 4 fauteuils, 10 chaises et 5 tabourets, qui a repris le chemin de la Laiterie, permettant de mieux rendre compte de la fonction du monument et de l’application à tous les domaines artistiques de cette nouvelle esthétique.
Grâce au dépôt du château de Versailles, les sièges du mobilier étrusque livrés en 1787 par Georges Jacob pour Marie-Antoinette vont regagner le 10 juin 2025 l’écrin pour lequel ils avaient été conçus. Le dépôt de ce mobilier constitue une avancée majeure pour la compréhension de la Laiterie de la Reine par le public.
Ce remeublement de la Laiterie a été mené avec le soutien de la Fondation Louis Le Masson et François Masson – Académie des beaux-arts.
© Benjamin Gavaudo / CMN
© Benjamin Gavaudo / CMN
Le Centre des monuments nationaux et le château de Versailles
Le CMN et le château de Versailles entretiennent depuis 2013 un partenariat instaurant un dialogue entre des collections trop souvent méconnues et des hauts lieux du patrimoine national à travers des expositions temporaires. La 8e exposition permettant aux deux institutions d’unir leurs ressources afin de donner au plus grand nombre la possibilité de découvrir ou de redécouvrir quelques pages de l’Histoire de France dans le cadre prestigieux des monuments nationaux sera Le comte d'Artois, prince et mécène. La jeunesse du dernier roi de France présentée au château de Maisons du 14 novembre 2025 au 2 mars 2026.