Un portrait du duc de Penthièvre au château de Rambouillet

À l'occasion du 300e anniversaire de la naissance du duc de Penthièvre, son portrait rejoint les collections du Château.

Présentation

Suite à une acquisition préparée avec soin, le portrait du duc de Penthièvre vient enrichir les collections du château de Rambouillet. L’absence de ce portrait d’apparat se faisait particulièrement sentir en raison de l’importance historique du duc de Penthièvre, figure emblématique du Domaine national de Rambouillet. Désormais, son portrait orne les murs du salon méridien dans l'appartement d'apparat du XVIIIe siècle. 

Le duc de Penthièvre

Né à Rambouillet, Louis Jean Marie de Bourbon (1725-1793), plus connu sous le nom du duc de Penthièvre, est le fils unique de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737), lui-même fils légitimé de Louis XIV et Mme de Montespan.

Profondément attaché au château de Rambouillet, le duc de Penthièvre y séjourna fréquemment et contribua activement à l’embellissement des jardins, qu’il fit aménager selon les goûts de son époque.

Succédant à son père en 1737, il hérita des charges de Grand amiral, Grand veneur et gouverneur de Bretagne. Il commanda deux régiments portant son nom et participa aux campagnes militaires de Dunkerque et de Fontenoy. Néanmoins, le Duc renonça à sa carrière militaire pour se tourner à la vie contemplative.

Parmi les nombreuses propriétés du duc de Penthièvre figuraient les domaines de Rambouillet, Blois et Amboise mais également les domaines de Sceaux, Anet, Aumale, Dreux, Gisors et Vernon hérités de son cousin le comte d’Eu, Lois-Charles de Bourbon (1701-1775). Ces domaines ne constituaient qu’une partie de son patrimoine, puisque le duc de Penthièvre possédait également l’Hôtel de Toulouse à Paris, où siège aujourd’hui la Banque de France. Ce vaste ensemble de propriétés faisait de lui l’une des plus importantes fortunes foncières de son époque.

En décembre 1783, il dut céder le Château à Louis XVI, désireux de disposer d’un vaste territoire de chasse dans la forêt des Yvelines, le château de Saint-Hubert étant jugé trop exigu.

le PORTRAIT D'APPARAT

Ce portrait d’apparat illustre avec force les attributs de son rang et les hautes charges que le duc de Penthièvre exerça tout au long de sa vie. Représenté à mi-corps, légèrement tourné de trois-quarts, vêtu d’une cuirasse et coiffé d’une perruque, il incarne la noblesse militaire selon les codes classiques de la peinture officielle. Il tient un bâton de commandement fleurdelysé, arbore l’ordre de la Toison d’or ainsi que l’écharpe brodée de l’ordre du Saint-Esprit, symboles de son ascendance et de ses fonctions honorifiques. Sa main repose sur un casque surmonté d’un dragon, tandis qu’une épée ceint sa taille.

À l’arrière-plan, une frégate évoque son titre de Grand Amiral de France, et un manteau bleu doublé d’hermines, visible dans le coin inférieur droit, rappelle son rôle de gouverneur de Bretagne. La composition, structurée autour d’un paysage maritime animé et d’un arbre en arrière-plan, met en valeur la stature du duc, dont le visage impassible contraste avec le mouvement du drapé blanc flottant au vent.

Inspiré des principes établis par Hyacinthe Rigaud, ce portrait reprend le schéma classique de la représentation des grands chefs militaires, peints en cuirasse et désignant en arrière-plan le théâtre de leurs exploits. Il incarne ainsi les valeurs de force, d’honneur et de délicatesse propres à l’iconographie aristocratique du XVIIIe siècle.

Le duc de Penthièvre est peint par Jean Baptiste Charpentier, peintre officiel du duc à partir de 1760. Jean Baptiste Charpentier exécuta des portraits intimes, mais surtout les nombreux portraits officiels du prince, d’après un modèle qui ne variera que très peu durant toute la vie du duc.

restauration et mécénat

Ce portrait dérive d’une première composition plus importante de Jean-Baptiste Charpentier (1728-1806), conservée au Palais de justice de Rennes, dépôt du musée des Beaux-Arts de Rennes. Nous retrouvons l’essentiel de la composition : le modelé un peu raide des traits du visage et la grande noblesse de la figure. La restauration a permis de restituer toute la subtilité de l’œuvre. Plusieurs versions autographes ou d’atelier existent, avec des variantes ou des formats réduits, conservées notamment au musée du château de Versailles, au musée de Sceaux, de Vernon et de Tours.

L’acquisition de ce portrait permet de rappeler le rôle central qu’a joué le duc dans l’histoire du domaine, et de poursuivre la représentation des grands propriétaires du Château. Après l’acquisition par voie de mécénat de la Fondation La Marck du portrait de Fleuriau d’Armenonville, et la présence déjà conservée du comte de Toulouse, père du duc, ce nouvel accrochage vient enrichir la galerie des figures historiques liées à Rambouillet grâce au soutien renouvelé de cette même fondation.